1- Est ce que beaucoup de gens souffrent d’agoraphobie ?
L'agoraphobie touche chaque année environ 1 % à 1,7 % des adolescents et des adultes dans le monde soit entre 65 et 110 millions d’individus. Ce trouble est deux fois plus fréquent chez les femmes que chez les hommes. Bien que l'agoraphobie puisse apparaître durant l'enfance, son incidence atteint un pic à la fin de l'adolescence et au début de l'âge adulte.
L’agoraphobie est bien plus rare chez les personnes âgées. Aux États-Unis, par exemple, la fréquence sur une période d’un an chez les personnes de plus de 65 ans est de 0,4 %, tandis qu'elle est de 0.5% en Europe et en Amérique du Nord chez les individus de plus de 55 ans ce qui représente quand même plusieurs millions de personnes. Par ailleurs, sur une année, environ 0,2 % à 0,8 % de la population adulte dans différents pays est diagnostiqué agoraphobe, sans être associée à un trouble panique soit entre 16 et 64 millions d’individus.
2 - Pourquoi et qui souffre de l’agoraphobie ?
- Personnalité et tempérament
Des traits comme l'inhibition comportementale (tendance à l’évitement), le neuroticisme (tendance aux affects négatifs) et la sensibilité à l'anxiété sont fortement liés à l'agoraphobie. Ces caractéristiques, communes à d'autres troubles anxieux, augmentent la vulnérabilité. - Facteurs environnementaux
Les événements négatifs dans l'enfance, tels que la perte d'un parent ou des agressions, jouent un rôle clé dans l'apparition de l'agoraphobie. Les individus décrivent souvent un climat familial marqué par une surprotection ou un manque de chaleur émotionnelle. - Facteurs génétiques
L'agoraphobie présente une héritabilité importante, estimée à 61 %, ce qui en fait l'un des troubles phobiques les plus fortement liés à des facteurs génétiques. Les antécédents familiaux de troubles anxieux ou de trouble panique sont associés à une apparition plus précoce de l’agoraphobie, généralement avant 27 ans. - Facteurs liés au genre
Les femmes et les hommes présentent des différences dans les comorbidités (lorsque d’autres troubles sont présents) associées à l’agoraphobie. Les hommes affichent des taux plus élevés d’abus de substances psychotropes (drogues, alcool), tandis que les femmes présentent davantage de comorbidités avec la dépression et les troubles anxieux.
3 - Développement et évolution
Dans deux tiers des cas, l’agoraphobie débute avant 35 ans, avec un âge moyen de 21 ans pour la première occurrence. Les personnes ayant connus des attaques de panique ou un trouble panique avant (entre 30% et 50% des agoraphobes) ont tendance à connaître un début plus précoce. Pour les autres (qui n’ont connu ni attaques de panique ni agoraphobie), l’agoraphobie commence généralement plus tard entre 25 et 29 ans.
La première phase à risque se situe donc dans l’adolescence et le début de l’âge adulte (avant 35 ans), avec une deuxième phase à risque après 40 ans. On note qu’environ 10% des personnes agoraphobes âgées rapportent un premier épisode après 65 ans.
L'évolution est généralement persistante et chronique, avec seulement 10% de rémissions complètes en l'absence de traitement. Environ 36% des personnes en rémission connaissent une rechute.
Les caractéristiques cliniques restent relativement stables aux différents stades de la vie, bien que les situations déclenchant la peur varient : chez les enfants, la peur concerne principalement le fait d'être seul hors de chez soi, tandis que chez les personnes âgées, elle concerne plutôt les espaces fermés (comme les magasins) ou les files d'attente.
Les pensées correspondantes évoluent également, passant par exemple de la peur de se perdre chez l'enfant à la peur de tomber chez la personne âgée.
Sources
American Psychiatric Association, ed. (2022). Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, Fifth Edition, Text Revision (DSM-5-TR). Washington, DC, USA: American Psychiatric Publishing.